Cuisson basse consommation : marmite norvégienne & co
La cuisine végétarienne est souvent associée à la fraîcheur des légumes et à la multitude de saveurs qu’ils peuvent offrir. Toutefois, il est aussi important de penser à l’impact environnemental de nos habitudes culinaires. Avez-vous déjà entendu parler de la marmite norvégienne, ou de la cuisson basse consommation en général? Ces techniques simples et ingénieuses permettent de cuisiner de délicieux plats en réduisant considérablement la consommation d’énergie. Dans cet article, nous allons explorer ce qu’est la marmite norvégienne, ses avantages, comment l’utiliser et la combiner avec d’autres astuces de cuisson économe en énergie. Nous vous proposerons également quelques idées de recettes végétariennes à réaliser à l’aide de ces méthodes.
Qu’est-ce que la marmite norvégienne?
La “marmite norvégienne” est un procédé de cuisson très ancien qui repose principalement sur le principe de l’isolation thermique. Il s’agit d’un système dans lequel l’aliment est porté à ébullition dans une casserole classique, puis placé dans un conteneur isolé (la fameuse marmite norvégienne). On maintient ainsi la chaleur résiduelle autour de la cocotte, ce qui permet à la cuisson de se poursuivre sans apport supplémentaire d’énergie.
Le nom de “marmite norvégienne” peut prêter à confusion: il ne s’agit pas forcément d’un ustensile venant de Norvège, ni d’une “marmite” en tant que telle. Dans de nombreux pays et cultures, on retrouve des techniques assimilables, souvent connues sous d’autres noms (par exemple, “haybox” ou “caisse à foin”) et utilisées pour maintenir la chaleur des plats cuisinés. Son fonctionnement est pourtant simple: l’isolation (au moyen de couvertures, de matériaux tels que la paille, de tissus épais, parfois d’un contenant spécifique) empêche la chaleur de s’échapper trop rapidement du récipient de cuisson. Les aliments finissent de cuire doucement en profitant de la température interne qu’ils ont accumulée durant quelques minutes d’ébullition initiale.
Les avantages de la marmite norvégienne
1. Économies d’énergie
Le premier atout de la marmite norvégienne réside dans la réduction de la consommation d’énergie. En effet, vous ne laissez votre plat bouillir que le temps nécessaire pour atteindre la bonne température (habituellement quelques minutes), puis vous transférez la cocotte dans le dispositif isolant. Vous n’utilisez plus la cuisinière ou toute autre source de chaleur pour terminer la cuisson, car elle se poursuit “toute seule” grâce à la chaleur stockée. Cela peut réduire votre consommation de gaz ou d’électricité, impactant positivement votre facture énergétique tout en diminuant votre empreinte carbone.
2. Préservation des nutriments
En cuisine végétarienne, la valeur nutritionnelle des aliments est un sujet de grande importance. Les légumes, légumineuses et céréales doivent conserver un maximum de vitamines et minéraux. La cuisson lente et douce, comme celle offerte par la marmite norvégienne, contribue à préserver les nutriments des ingrédients, notamment les vitamines sensibles à la chaleur. Dans une cuisson plus agressive (à feu vif ou à ébullition prolongée), les nutriments ont tendance à se détériorer ou à se dissoudre dans la grande quantité d’eau utilisée.
3. Conservation des saveurs
De nombreux convaincus de la marmite norvégienne vantent la saveur remarquable qu’elle donne aux plats. Puisque la température reste constante et douce, les légumes et les épices libèrent progressivement leurs arômes, offrant un résultat final souvent plus goûteux. Les épices imprègnent les aliments sans être altérées par une cuisson trop puissante. Ainsi, les plats gagnent en profondeur et en complexité de saveurs, ce qui est un atout indéniable lorsque l’on cuisine des plats végétariens riches en épices, en herbes aromatiques et en ingrédients variés.
4. Simplicité et praticité
Bien qu’il faille s’habituer à ce type de cuisson, son usage est relativement simple. Une fois la cocotte mise dans la marmite norvégienne, vous n’avez plus besoin de surveiller le feu ou de craindre un débordement. On peut donc mieux gérer son temps en laissant le plat mijoter tranquillement sans risque de brûlure ni de surcuisson. À titre d’illustration, on peut démarrer la mise en ébullition d’un plat le matin, le disposer ensuite dans le dispositif isolant, puis se consacrer à d’autres activités pour le reste de la journée. Au moment de passer à table, le repas est cuit ou presque prêt à être réchauffé en un clin d’œil.
Comment fabriquer ou se procurer une marmite norvégienne
Fabriquer sa marmite norvégienne
Dans l’optique de réduire son empreinte carbone et d’optimiser l’usage de ce que l’on possède déjà, beaucoup de personnes choisissent de fabriquer leur propre marmite norvégienne. Quelques idées de matériaux:
- Une boîte en bois remplie de paille ou de vieux vêtements (proprement), avec un couvercle.
- Une grande glacière avec des couvertures épaisses.
- Deux grands paniers en osier (un posé de manière à accueillir la cocotte, l’autre retourné en guise de couvercle) garnis de tissu isolant.
- Un caisson en polystyrène (en récupérant un ancien contenant pour aliments surgelés, par exemple) dans lequel on cale la cocotte avec des coussins, couvertures ou journaux.
L’essentiel est de bien isoler la casserole pour éviter les pertes de chaleur. Le test final reste simple: si, après quelques heures, le plat est encore chaud et la cuisson s’est poursuivie, c’est que votre système d’isolation est performant.
Acheter une marmite norvégienne prête à l’emploi
Pour celles et ceux qui souhaitent un matériel plus compact et mieux fini, il existe sur le marché des marmites norvégiennes toutes prêtes, parfois même esthétiques et pliables. Ces produits utilisent souvent:
- Des mousses isolantes capables de conserver la chaleur plusieurs heures.
- Des designs compacts, transportables partout (idéal pour le camping, les pique-niques).
- Des revêtements faciles à nettoyer, pratiques à l’usage.
L’achat d’une marmite norvégienne prête à l’emploi peut représenter un investissement initial, mais elle vous fera économiser sur le long terme en réduisant vos dépenses énergétiques quotidiennes.
Comment cuisiner avec la marmite norvégienne
Étapes de base de la cuisson
- Préparez votre recette comme d’habitude (légumes, légumineuses, céréales, épices, etc.).
- Portez à ébullition dans une casserole adéquate (avec couvercle compatible) en veillant à ce que les ingrédients commencent vraiment à cuire.
- Une fois l’ébullition atteinte, maintenez un léger bouillonnement durant quelques minutes, le temps que les ingrédients absorbent suffisamment de chaleur (selon la recette, cela peut aller de 5 à 10 minutes).
- Retirez la casserole du feu et placez-la immédiatement dans votre marmite norvégienne, bien entourée par les matériaux isolants, puis refermez le dispositif.
- Laissez la chaleur faire son travail. Selon les plats, la cuisson peut prendre une à plusieurs heures. Pour les légumineuses, on peut par exemple compter 2 à 3 heures, selon si elles ont été trempées au préalable.
- Lorsque le temps de cuisson indiqué est écoulé, ouvrez la marmite norvégienne et vérifiez la cuisson. Vous pouvez ajuster la durée si nécessaire, ou même remettre la casserole quelques minutes sur feu doux si vous souhaitez un plat plus chaud.
Contrôle de la température
L’une des interrogations fréquentes porte sur l’absence de contrôle de température à l’intérieur de la marmite norvégienne. En réalité, la cuisson basse consommation estime qu’on laisse les aliments “finir la cuisson” avec la chaleur emmagasinée. Pour s’assurer que tout se passe bien, il convient d’utiliser les mêmes précautions que pour une cuisson à l’étouffée sur feu doux:
- Veiller à ce que les ingrédients soient portés à ébullition avant de les placer dans la marmite norvégienne (crucial pour écarter tout risque lié à des températures insuffisantes).
- Pour les légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots) et les céréales (riz, quinoa, etc.), respecter les recommandations de trempage et de chauffage initial.
- Ne pas ouvrir systématiquement la marmite norvégienne, car cela fait baisser la température. Attendez le temps de cuisson préconisé par la recette avant de commencer à vérifier.
Découvrir des nuances de texture
La cuisson lente et douce apporte parfois des modifications subtiles dans la texture des aliments. Par exemple, un risotto cuit dans ce dispositif peut s’avérer plus onctueux, sans requérir de surveillance continue pour mélanger. Les carottes gardent un certain fondant, tout en étant suffisamment cuites, et les légumineuses cuisent uniformément, sans agression par un feu trop vif qui éclaterait leur peau. On obtient parfois l’impression d’une cuisson qui “mijote” depuis des heures, alors même que la source d’énergie n’a été utilisée que très peu de temps.
Autres techniques de cuisson basse consommation
La marmite norvégienne n’est pas la seule solution pour économiser de l’énergie en cuisine. Découvrons quelques autres astuces et systèmes qui vous permettront de réduire votre facture ou votre impact sur l’environnement.
1. Cuisson à la vapeur douce
La cuisson à la vapeur douce, souvent praticable avec des ustensiles spécifiques (cocottes en inox avec tamis, cuiseur vapeur…), permet de préserver les vitamines et nutriments tout en utilisant relativement peu d’énergie. L’eau nécessaire pour créer la vapeur est moins importante que pour une cuisson à l’eau bouillante, et la durée de cuisson peut être optimisée. Dans la cuisine végétarienne, c’est une méthode idéale pour tout ce qui est légumes, pomme de terre, et même céréales comme le riz, le quinoa ou le millet, si vous disposez d’un panier vapeur adapté.
2. Cuisiner avec un four solaire
Le four solaire consiste à canaliser les rayons du soleil pour chauffer un compartiment de cuisson. Il existe des designs ingénieux et DIY pour se construire un four solaire avec des cartons, du papier d’aluminium et une vitre ou un film transparent. Certes, cela ne fonctionne que lorsque le soleil est présent, et il faut parfois un certain temps pour que la température monte suffisamment. Mais c’est une solution véritablement écologique et gratuite en termes d’énergie. Les plats mijotés (casseroles de légumes, haricots, sauces tomate) et même des pains ou gâteaux adaptés peuvent très bien y cuire, surtout dans des régions très ensoleillées.
3. L’autocuiseur
Bien que l’autocuiseur (ou cocotte-minute) ne soit pas aussi économe en énergie qu’une marmite norvégienne, il permet toutefois de réduire considérablement le temps de cuisson, en particulier pour les légumineuses ou les plats mijotés. Moins de temps sur le feu signifie souvent une économie énergétique. De plus, les autocuiseurs modernes sont souvent dotés de mécanismes de sécurité sophistiqués. Pour la cuisine végétarienne, l’autocuiseur reste un allié précieux si l’on veut cuire rapidement des lentilles, pois chiches ou un dahl épicé en quelques minutes au lieu de dizaines de minutes à feu vif.
4. Optimiser l’utilisation du feu
Par ailleurs, on peut réaliser des économies en adoptant quelques gestes simples:
- Couvrez vos casseroles lorsque vous faites bouillir de l’eau, pour éviter la perte de chaleur.
- Adaptez la taille de la casserole au brûleur ou plaque: plus il y a de déperdition autour, plus vous gaspillez d’énergie.
- Surveillez le temps de cuisson et n’utilisez pas plus d’eau que nécessaire, ceci est particulièrement vrai pour la cuisson des céréales.
Idées de recettes végétariennes à la marmite norvégienne
Voici quelques suggestions de plats végétariens qui se prêtent particulièrement bien à la cuisson basse consommation.
1. Curry de lentilles corail et légumes
-
Ingrédients:
- 200 g de lentilles corail
- 1 oignon haché
- 2 carottes coupées en dés
- 1 petite courgette coupée en dés (facultatif)
- 400 ml de lait de coco
- 1 cuillère à soupe de curry en poudre
- Sel, poivre et herbes fraîches (coriandre par exemple)
-
Préparation:
- Faites revenir l’oignon dans une casserole avec un peu d’huile.
- Ajoutez les dés de carotte et de courgette, faites-les légèrement dorer.
- Incorporez les lentilles corail, poursuivez la cuisson 1 à 2 minutes.
- Ajoutez le lait de coco, le curry, le sel et le poivre. Complétez avec un verre d’eau si nécessaire pour couvrir les ingrédients.
- Portez à ébullition, laissez bouillir 5 minutes.
- Placez la casserole dans la marmite norvégienne et laissez mijoter au moins 1 heure.
- Servez avec du riz basmati, parsemez de coriandre fraîche.
2. Risotto de champignons
-
Ingrédients:
- 200 g de riz Arborio ou Carnaroli
- 1 échalote hachée
- 1 litre de bouillon de légumes chaud
- 200 g de champignons de Paris émincés
- 1 cuillère à soupe d’huile d’olive
- Sel, poivre et quelques brins de persil
-
Préparation:
- Dans une casserole, faites revenir l’échalote dans l’huile d’olive.
- Incorporez les champignons et laissez-les fondre quelques minutes.
- Versez le riz et remuez pour l’enrober d’huile.
- Ajoutez le bouillon de légumes en une seule fois (le riz doit être complètement recouvert).
- Portez à ébullition et laissez frémir environ 5 minutes.
- Placez la casserole dans la marmite norvégienne et laissez cuire 45 minutes à 1 heure.
- Ajustez l’assaisonnement, parsemez de persil frais avant de servir.
3. Haricots blancs au romarin et tomate
-
Ingrédients:
- 300 g d’haricots blancs secs (trempés la veille)
- 1 boîte de tomates concassées (ou 3 tomates fraîches en saison)
- 1 oignon émincé
- 1 gousse d’ail hachée
- 1 branche de romarin
- Sel, poivre
-
Préparation:
- Égouttez les haricots blancs trempés.
- Faites revenir l’oignon et l’ail dans une casserole.
- Ajoutez les haricots, les tomates concassées et le romarin. Recouvrez le tout d’eau.
- Portez à ébullition et laissez frémir pendant 10 minutes.
- Placez la casserole dans la marmite norvégienne et laissez cuire 2 ou 3 heures, jusqu’à ce que les haricots soient tendres.
- Assaisonnez avant de servir. Vous pouvez accompagner ce plat de riz complet ou de polenta.
4. Couscous de légumes
-
Ingrédients:
- 300 g de semoule de couscous complet
- 2 carottes, 1 courgette, 1 poivron, 1 oignon, 1 tomate (selon saison)
- 1 cuillère à café de ras-el-hanout (mélange d’épices)
- 500 ml de bouillon de légumes
- Sel, poivre
-
Préparation:
- Coupez les légumes en gros dés.
- Faites-les revenir rapidement avec un peu d’huile, puis ajoutez le ras-el-hanout et le sel, poivre.
- Versez le bouillon de légumes, portez à ébullition et laissez cuire 5 minutes.
- Ajoutez la semoule de couscous (hors feu), remuez, couvrez et transférez la casserole dans la marmite norvégienne.
- Patientez environ 1 heure pour que la semoule gonfle et que les légumes finissent de cuire.
- Servez chaud, éventuellement avec des pois chiches cuits maison pour encore plus de protéines.
Conseils pour une réussite optimale
- Respectez le temps de chauffe initial. Il est important de réaliser cette première étape convenablement afin de stocker assez de chaleur dans la casserole.
- Adaptez la taille de la marmite norvégienne à celle de votre casserole. S’il y a trop d’espace vide, la déperdition de chaleur sera plus importante.
- Prévoyez vos plats. La cuisson s’effectue tout en douceur, elle est idéale pour des journées sans urgence.
- N’oubliez pas de tremper vos légumineuses la veille ou quelques heures avant si la recette l’exige. Cela en facilitera la cuisson et la digestion.
Questions fréquentes
Est-ce que c’est sûr d’un point de vue sanitaire?
Oui, à condition de respecter les mesures d’hygiène de base et de s’assurer qu’avant l’usage de la marmite norvégienne, les aliments aient bien atteint une température suffisante. Les périodes de cuisson recommandées ne doivent pas être écourtées. Pour les personnes les plus prudentes, on peut réchauffer le plat quelques instants avant le service pour le porter à une température au moins égale à 60 ou 70 °C.
Cela fonctionne-t-il pour tous les types de plats?
En général, cela fonctionne mieux pour les plats mijotés, soupes, currys, risottos, légumineuses, céréales, ragoûts, etc. En revanche, pour des plats nécessitant une forte évaporation (saisies, grillades sèches ou caramélisations), la marmite norvégienne n’est pas adaptée. Il est toutefois possible de combiner une première étape de saisie sur le feu avant de terminer la cuisson au sein du dispositif isolant.
Est-ce vraiment rentable?
Oui, dans la durée, surtout si vous cuisinez régulièrement des plats mijotés ou des légumineuses. La dépense est minime pour fabriquer sa propre marmite et quasi-nulle pour la faire fonctionner, ce qui peut représenter des économies d’énergie notables sur une année.
Conclusion
Adopter la marmite norvégienne et d’autres techniques de cuisson basse consommation présente de nombreux avantages: économies d’énergie, préservation des nutriments et des saveurs, simplicité d’utilisation, et impact écologique réduit. Les plats végétariens, riches en légumes, légumineuses et céréales, se prêtent particulièrement bien à ce mode de cuisson lente et douce qui sublime leurs saveurs et leurs qualités nutritionnelles. Il n’est pas forcément nécessaire de se procurer du matériel onéreux; fabriquer sa propre marmite norvégienne avec des matériaux de récupération est à la portée de tout le monde. En complément, vous pouvez également optimiser l’usage de l’autocuiseur, du four solaire et de la cuisson à la vapeur douce, autant d’options qui permettent de varier les plaisirs tout en respectant la planète.
Au-delà de la marmite norvégienne, c’est tout un état d’esprit qui se dessine: prendre le temps de cuisiner sainement, avec des ingrédients de qualité, tout en limitant votre impact environnemental. Et finalement, c’est une nouvelle façon de concevoir la cuisine et de savourer des plats plus naturellement, en utilisant moins d’énergie. Il ne vous reste plus qu’à enfiler votre tablier, rassembler vos légumes, légumineuses, épices préférées et vous lancer dans la cuisson basse consommation. Vos papilles, votre santé et la planète vous en sauront gré. Bonne dégustation.